Biographie Claire Bertrand est née à Sèvre en 1890. Issue d'une famille de scientifiques, elle porte le nom de son père, géologue (Marcel Bertrand) et de son grand père, mathématicien (Joseph Bertrand). Mais c'est du côté de sa mère qu'elle s'oriente en choisissant l'art. En effet, sa mère, Mathilde Mascart, était elle-même pianiste.

Claire Bertrand se tourne vers la peinture et intègre l'Académie Julian, une des premières académies parisiennes à avoir accepté les femmes. A l'époque, c'est une des possibilités principales qui s'offrent aux artistes féminines. Les Beaux-Arts n'ont ouvert leurs rangs que depuis une dizaine d'années et ne permettent que des "nus" en caleçon dans la section féminine. Synonyme d'un certain libéralisme, voire de laxisme, l'Académie Julian accueille un grand nombre de femmes issues de la bourgeoisie. Par la suite elle fréquente également l'Académie de la Grande Chaumière, centre artistique et intellectuel. Elle y rencontre un autre artiste, Willy Eisenschitz. En 1914 ils se marient.

Son époux est Autrichien, ce qui leur vaut l'internement à Angers en ce début de première guerre mondiale. Claire, détenue avec son mari, donne naissance à deux enfants : Evelyn et David. Dès que la guerre est finie, elle expose dans plusieurs salons. Celui de la Société Nationale des Beaux Arts, celui des Artistes Indépendants et celui d'Automne. Elle peint des portraits et des paysages dans un style impressionniste.

Elle déménage avec sa famille dans le Var, à la Valette-du-Var aux Minimes en 1927. Son style évolue, intégrant les couleurs chaudes du Midi. Elle continue d'exposer, seule, ou avec son mari. Ses toiles sont exposées au salon des Tuileries plusieurs fois entre 1928 et 1943.

Deuxième guerre mondiale. Son mari, Willy, est juif. Sur l'insistance de Claire Bertrand, la famille se cache dans la Drôme, à Dieulefît en 1943. On estime aujourd'hui que 1500 réfugiés y sont passés, faisant de cette petite municipalité un haut lieu de la résistance passive. Jusqu'à un tiers de sa population a été composée de réfugiés sans qu'aucun d'entre eux ne soit dénoncé. Evelyn les y rejoint, mais pas leur fils, David. Ce dernier, engagé dans la résistance est arrêté et déporté en 1944. La famille retourne aux Minimes en 1945.

En 1949, elle, son mari et sa fille exposent conjointement à la galerie Allard. En 1961 elle est nommée membre de l'Académie du Var. Plusieurs de ses toiles font l'objet d'achat par l'Etat français.

Elle meurt en 1969 à Cachan.